Il y a 185 ans aujourd’hui, entre 200 et 300 patriotes prenaient comme places fortes l’église de Saint-Eustache, le presbytère, le couvent et les maisons de certains notables. Le général Colborne, à la tête de 1200 soldats et de près de 300 miliciens volontaires, a fait encercler le village et a resserré l’étau vers l’église, qui porte encore aujourd’hui les marques du bombardement par les canonniers britanniques. Une fois l’église incendiée pour faire sortir les patriotes et l’affrontement terminé, les volontaires loyaux de Saint-Eustache entreprennent de se faire justice à la suite de l’occupation de plus d’un mois par les patriotes en incendiant leurs propriétés.
Les revendications des patriotes étaient multiples : la responsabilité ministérielle, l’autonomie de la colonie en matière d’affaires intérieures ou encore la fin du régime seigneurial. La répression à Saint-Eustache, Saint-Scholastique et Saint-Benoît marque la fin de la République des Deux-Montagnes, un projet de gouvernance alternatif par les leaders locaux qui expérimentaient avec une première forme de municipalité. La répression et la destruction du tiers du village mettent également un frein abrupt à son développement, alors qu’il était en voie de devenir le plus important sur la rive nord de Montréal; cinquante ans après les événements, certains terrains incendiés étaient encore vacants.
Pour les volontaires loyaux de Saint-Eustache, c’est toutefois un retour à la paix. Les patriotes causaient du grabuge depuis le début des années 1830 et leur gouvernement alternatif causait de grands maux de tête aux seigneurs et leur entourage. Le mécontentement avait atteint son paroxysme avec l’établissement du camp armé des patriotes au mois de novembre 1837 et l’occupation militaire du village. Les vagues d’intimidation avaient été nombreuses et plusieurs loyaux avaient dû fuir, abandonnant leur résidence et leur commerce au pillage, avant de s’engager comme milicien et revenir avec l’armée britannique.
La crise révolutionnaire de 1834-1837 et l’épisode eustachois marquent un point tournant dans l’histoire de la colonie. Il s’agit non seulement d’un premier pas vers la responsabilité ministérielle et l’autonomie, mais aussi des premières expériences de gouvernance démocratique à l’échelle locale et de l’engagement populaire sur la scène politique.
Vous avez d’en connaître plus sur la rébellion de 1837 dans le comté des Deux-Montagnes, nous vous invitons à visiter l’exposition permanente à l’Espace muséal du manoir Globensky.