Du 22 mai au 6 novembre 2023, l’historien Jonathan Lemire, commissaire de l’exposition Visages des rébellions – Jean-Joseph Girouard, patriote portraitiste (1794-1855), vous propose à chaque semaine une chronique dans laquelle il explore plus en détail un aspect de la vie, de la carrière ou de l’œuvre du notaire et député patriote Jean-Joseph Girouard.
Le notaire et leader patriote de Saint-Benoît Jean-Joseph Girouard fut un artiste accompli. C’est précisément ce que nous disions d’entrée de jeu dans notre première chronique. Jeune, après avoir côtoyé les Baillairgé du côté de la famille de sa mère (Marie-Anne Baillairgé), Girouard fait la rencontre du curé Jean-Baptiste Gatien, alors à la tête de la paroisse de la Sainte-Famille, sur l’île d’Orléans. Résident désormais à cet endroit avec sa mère, alors gouvernante de ce dernier, c’est là qu’il développera son intérêt pour le dessin, la peinture, mais aussi la musique, l’architecture, les mathématiques, la physique et l’astronomie.
Après avoir vécu sur l’île d’Orléans, il demeure ensuite à Sainte-Anne-des-Plaines, puis aux abords de la rivière du Chêne, à Saint-Eustache, puis enfin à Saint-Benoît, dans le vaste comté des Deux-Montagnes, où il se fixe avec mère définitivement. Peu de temps après, malgré son jeune âgé, il s’enrôle dans la milices canadiens. C’est donc au sein d’un corps de volontaires de Lachine que le jeune Girouard fait ses premières armes dans les arts graphiques. En effet, dans le contexte de la guerre qui oppose l’Angleterre aux Etats-Unis en 1812, il réalise au moins deux aquarelles représentant certains de ses pairs militaires de l’époque. D’abord, on lui reconnaît la paternité d’un portrait du capitaine Louis-Édouard Hubert (1766-1842), quartier-maître au sein de la milice de Saint-Denis et député du comté de Richelieu.
Le Musée national des beaux-arts du Québec lui attribue aussi un dessin au pastel sur carton illustrant le lieutenant-colonel Pierre-Ignace Malhiot (1768-1817), en 1813. Parmi ses autres réalisations dans la même période, soulignons les portraits des trois militaires suivants : Pierre-René Boucher de La Bruère, Louis J. de Beaujeu et Eustache-Ignace Trottier-Desrivières-Beaubien (1761-1816). Ce dernier, par ailleurs, fera l’objet d’une prochaine chronique spéciale.
Après la guerre canado-américaine (1812-1815), Girouard se consacre au notariat dans sa région. Parallèlement, il débute une carrière politique succédant ainsi au Dr Jacques Labrie en tant que député du comté des Deux-Montagnes en 1831, décédé en fonction la même année.
Pour de plus amples détails sur l’art militaire de Jean-Joseph Girouard, visitez l’exposition temporaire Visage des rébellions – Jean-Joseph Girouard, patriote portraitiste (1794-1855), présentée à l’Espace muséal du manoir Globensky du 18 mai au 12 novembre 2023.
Qui a écrit cet article?
Historien, auteur, généalogiste et conférencier spécialisé dans l’histoire du Québec au 19e siècle, particulièrement sur les rébellions de 1837-1838 dans le comté des Deux-Montagnes, Jonathan Lemire est diplômé en histoire à l’Université de Montréal (2001).
Il est depuis plusieurs années chercheur et commissaire sur plusieurs expositions permanentes et temporaires en lien avec l’histoire insurrectionnelle. Il est l’auteur de cinq ouvrages : Jacques Labrie. Écrits et correspondance (Septentrion, 2009), Portraits de patriotes, 1837-1838 – Œuvres de Jean-Joseph Girouard (VLB éditeur, 2012), L’église de Saint-Eustache : une histoire mythique, patriotique et symphonique (Ville de Saint-Eustache, 2013), Ludger Duvernay, Lettres d’exil, 1837-1842 (VLB éditeur, 2015), L’OSM en concert à l’église de Saint-Eustache. 235 ans d’histoire et l’avenir devant nous (Fondation église historique de Saint-Eustache, 2018).
Pour son implication et ses nombreux travaux en histoire, il fut honoré de la Médaille de l’Assemblée nationale en 2013. Il est finalement commissaire, coordonnateur, chercheur et rédacteur dans le cadre de l’exposition temporaire Visages des rébellions – Jean-Joseph Girouard, patriote portraitiste (1794-1855), réalisée par la Maison nationale des patriotes et présentée à l’Espace muséal du manoir Globensky du 18 mai au 12 novembre 2023.