Même si c’est à Saint-Timothée, près de Salaberry-de-Valleyfield, qu’il voit le jour en 1835, David Marsil devient dès sa jeunesse l’un des personnages les plus importants et les plus intéressants de l’histoire de Saint-Eustache. Aujourd’hui peu connu du public, il est admiré par plusieurs de ses contemporains pour sa carrière exceptionnelle de médecin chirurgien, son implication politique et son combat personnel pour la commémoration des patriotes de 1837-1838.
Durant sa vie, David Marsil reçoit le surnom de « lion du Nord » en raison de son fervent patriotisme, de sa force de caractère et de la puissance de ses discours publics. Or, saviez-vous qu’avant d’être un homme politique, Marsil était d’abord un chirurgien de renommée internationale?
Après avoir achevé ses humanités classiques – cours de base pour les jeunes de la classe aisée de l’époque – au Séminaire de Sainte-Thérèse (1845-1852) et une formation en philosophie au séminaire de Sainte-Hyacinthe (1852-1854), Marsil est accepté à l’École de médecine et de chirurgie de Montréal. En 1858, il commence à pratiquer la médecine alors qu’il n’a que 23 ans.
Il était l'un des membres les plus éminents de l'Association médicale canadienne.
Quarante années de travail opiniâtre et intelligent avaient permis à ce médecin de campagne de prendre rang parmi les membres les plus éminents de sa profession en Amérique.
Quelques mois plus tard, il s’installe à Saint-Eustache, village dont il devient visiblement amoureux. Il y demeure toute sa vie et soigne pendant plus de quarante ans la population du comté des Deux-Montagnes, ce qui lui vaut une grande estime de la part des habitants et des habitantes de la région.
Marsil ne se contente cependant pas d’une pratique généraliste. En effet, il fait aménager une salle de dissection dans sa résidence privée pour poursuivre son apprentissage et améliorer ses connaissances en matière de chirurgie. Il consulte également les recherches scientifiques publiées à travers le monde afin d’être au courant des plus récentes découvertes. L’expertise qu’il développe l’amène à écrire dans la revue L’Union médicale ainsi qu’à contribuer à L’Encyclopédie internationale de chirurgie, des publications lues par les médecins du monde entier. Son travail admirable lui vaut un doctorat honorifique de l’Université Laval, décerné en 1886. Encore quelques semaines avant sa mort, il prépare une présentation pour l’Académie de Médecine de Paris en vue d’y être reçu à titre de chirurgien.
En plus des articles qu’il écrit pour partager les résultats de ses recherches personnelles, le docteur Marsil est l’un des membres les plus actifs du Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec. Son principal objectif? Améliorer l’éducation et la formation des futurs médecins. C’est dans ce but qu’il tente de fonder une bibliothèque médicale publique ainsi qu’un musée d’anatomie, des projets qui ne se concrétiseront pas.
La contribution du chirurgien eustachois au domaine médical n’est pas uniquement théorique. En 1880, il est salué par ses collègues lorsqu’il devient le premier chirurgien canadien-français à réussir une ovariotomie, une opération aux ovaires. En 1895, après 37 ans dans le domaine médical, le docteur eustachois voit sa carrière être couronnée lorsqu’il est élu président de la section québécoise de l’Association médicale canadienne.
Le prestige dont jouit le docteur David Marsil à l’international l’amène à jouer un rôle inattendu. À l’été 1881, le président américain James A. Garfield est blessé par balle lors d’une tentative d’assassinat à Washington, D.C. Les médecins de la Maison-Blanche passent les semaines suivantes à tenter de sauver leur dirigeant, mais son état de santé se dégrade constamment. À court de solutions, le gouvernement des États-Unis fait appel aux chirurgiens les plus réputés du monde pour qu’ils étudient l’état de santé du président Garfield dans l’espoir de le guérir. David Marsil de Saint-Eustache fait partie de ceux appelés à se prononcer, mais même son expertise ne parviendra pas à sauver le malheureux chef américain.
Découvrez la micro-exposition itinérante Dr David Marsil, le lion de Saint-Eustache (1835-1899), présentée sur le site de l’Espace muséal du manoir Globensky jusqu’à la mi-décembre.
Références bibliographiques
BOILEAU, Gilles. « David Marsil, médecin, maire et patriote », Cahiers d’histoire de Deux-Montagnes, vol. 7, num. 1 (décembre 1985).
L’almanach du peuple de C.O. Beauchemin & Fils pour l’année 1900 (Montréal : C.O. Beauchemin & Valois, 1900).
LAURIN, Clément. « David Marsil, médecin et patriote de Saint-Eustache », Cahiers d’histoire de Deux-Montagnes, hors-série, été 1978.
Le Réveil, 28 janvier 1899.
MARSIL, David et al. « École de médecine et de chirurgie de Montréal » (Montréal : 31 mars 1858), Bibliothèque et Archives nationales du Québec (en ligne), https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3426838?docsearchtext=david%20marsil.
MCCABE, James D. Our martyred President … the life and public services of General James A. Garfield (1881).
Qui a écrit cet article?
Anthony M. Lafontaine est détenteur d’un baccalauréat et d’une maîtrise en histoire de l’Université de Montréal. Auteur publié, il a occupé différents emplois en centres d’archives ainsi qu’au sein du monde municipal. Il est chargé de projet pour Patrimoine culturel Vieux-Saint-Eustache depuis septembre 2021.
