Du 22 mai au 6 novembre 2023, l’historien Jonathan Lemire, commissaire de l’exposition Visages des rébellions – Jean-Joseph Girouard, patriote portraitiste (1794-1855), vous propose à chaque semaine une chronique dans laquelle il explore plus en détail un aspect de la vie, de la carrière ou de l’œuvre du notaire et député patriote Jean-Joseph Girouard.
Rares sont ceux qui savent que le notaire patriote de Saint-Benoît Jean-Joseph Girouard était un passionné de musique. L’histoire dont il est question nous est relatée par la seconde épouse de Girouard, Émélie Berthelot.
C’est plus précisément dans ses notes personnelles que la jeune femme nous divulgue cette histoire. Le tout est conservé à Bibliothèque et Archives nationales du Québec sous le titre Les journaux d’Émélie Berthelot-Girouard. La rubrique s’intitule « Histoire du petit harmonium ».
En 1851, à la suite de son union avec Mme Berthelot, Girouard était alors propriétaire d’un bel orgue harmonium, l’« un des trois venus en ce pays en 1844 » au coût de £100, disait-elle. En parlant dudit instrument de musique, Berthelot affirme que « comme il était en bois rose, il ne put résister au changement de climat et le bois travaillant beaucoup, il se dérangea plusieurs fois, ce qui lui [Girouard] fit désirer d’en avoir un autre, car il ne pouvait se passer de musique. »
Girouard rencontra ensuite L. H. Toupin, en visite au Canada, qui voulut bien « se charger de lui acheter un nouvel instrument à son retour en France, avec la recommandation de le faire en bois de noyer, ce qui fut exécuté ». Après le décès de Girouard en 1855, Mme Berthelot reçu en janvier 1856 la nouvelle que l’harmonium était arrivé à Montréal.
Dans son journal, elle écrit : « Le petit orgue venu de France n’ayant pas d’usage ici, j’eus l’idée de le prêter pour la chapelle du couvent, afin qu’il pût s’utiliser en donnant de la solennité à nos petites fêtes, il fut donc transporté dans le jubé, où il fait bien son devoir. » Toutefois, à la demande pressante de son fils Joseph, elle due se résigner à le lui céder.
En 1857, Émélie Berthelot vendu « l’orgue mélodieux » au curé de Pointe-Claire pour la somme de £ 50; montant qu’elle se servira pour procurer une piano à sa fille Perpétue.
Pour en savoir plus sur Jean-Joseph Girouard, visitez l’exposition temporaire Visages des rébellions – Jean-Joseph Girouard, patriote portraitiste (1794-1855), présentée à l’Espace muséal du manoir Globensky du 18 mai au 12 novembre 2023.
Qui a écrit cet article?
Historien, auteur, généalogiste et conférencier spécialisé dans l’histoire du Québec au 19e siècle, particulièrement sur les rébellions de 1837-1838 dans le comté des Deux-Montagnes, Jonathan Lemire est diplômé en histoire à l’Université de Montréal (2001).
Il est depuis plusieurs années chercheur et commissaire sur plusieurs expositions permanentes et temporaires en lien avec l’histoire insurrectionnelle. Il est l’auteur de cinq ouvrages : Jacques Labrie. Écrits et correspondance (Septentrion, 2009), Portraits de patriotes, 1837-1838 – Œuvres de Jean-Joseph Girouard (VLB éditeur, 2012), L’église de Saint-Eustache : une histoire mythique, patriotique et symphonique (Ville de Saint-Eustache, 2013), Ludger Duvernay, Lettres d’exil, 1837-1842 (VLB éditeur, 2015), L’OSM en concert à l’église de Saint-Eustache. 235 ans d’histoire et l’avenir devant nous (Fondation église historique de Saint-Eustache, 2018).
Pour son implication et ses nombreux travaux en histoire, il fut honoré de la Médaille de l’Assemblée nationale en 2013.
Il est finalement commissaire, coordonnateur, chercheur et rédacteur dans le cadre de l’exposition temporaire Visages des rébellions – Jean-Joseph Girouard, patriote portraitiste (1794-1855), réalisée par la Maison nationale des patriotes et présentée à l’Espace muséal du manoir Globensky du 18 mai au 12 novembre 2023.